Je lisais comme chaque semaine un grand magazine hebdomadaire social-démocrate, quand je suis tombé sur une page de publicité revendicative des laboratoires Boiron, publicité qui, je l'ai appris depuis, est passée dans de nombreux titres de la presse mais aussi sur de nombreuses radios... à première vue, un budjet énorme de communication de la part de ce laboratoire ! Cette publicité, proteste, en gros, contre le déremboursement par l'assurance-maladie des médicaments homéopathiques. Publicité qui intervient à un moment stratégique : discussion sur l'avenir de l'assurance-maladie, mais surtout, et c'est là le deuxième évènement de ma petite vie, au moment où j'ai appris, sur un site internet d'information tendance centre-gauche, que les laboratoires Boiron tentaient de fusionner avec les laboratoires Dolisos. Ca ne vous dit rien ? En clair : ce sont les deux labos de l'homéopathie, bref, un monopole en vue dans ce marché très très lucratif ! Alors quoi ? Et bien j'ai décidé de me lancer dans des recherches sur un sujet qui ne m'avais jamais passionné !

L'Homéopathie, c'est pour moi, comme pour beaucoup, des souvenirs d'enfance de prise de petites granules blanches et sucrées qui fondent sous la langue... je me doutais que cela n'avait pas d'effet sur de grosses maladies, mais sur les petits maux, je me disais, pourquoi pas, ça ne peut être que mieux que les antibiotiques ! Bref, j'étais comme la plupart des français, totalement ignorant du sujet !

Ce qui m'a tout de suite frappé en cherchant sur le net, c'est l'énorme controverse, la guerre sans pitié, que se livrent les tenant de l''homéopathie et leurs détracteurs, ceux de l'allopathie ! Des dialogues violents, à la limite du comique si on pense sur quel sujet ils sont prets à se tuer ! Mais c'est qu'on touche là à une multitude de sujets sensibles : la santé, la science, le pouvoir, la vérité, les croyances... et l'argent ! Cocktail explosif, finalement.

Les défenseurs de l'homéopathie ont presque toujours le même discours, comme celui-ci, anonyme, pris sur un forum de discussion parmi d'autres :

Les discours sur cette efficacité scientifique de l'homéopathie à démontrer sonnent creux dans les oreilles de milliers de Français et non-Français. Quand on soigne ses enfants depuis 6 ans, et soi-même depuis 15 ans sans un seul médicament allopathique, on n'a que faire de preuves scientifiques. Aucun sens ! Pensez-vous que j'irai gaver ma famille des horreurs allopathiques en boîtes, le jour où l'homépathie ne sera pas remboursée ? Certainement pas. J'irai trouver d'autres remèdes respectueux de l'homme dans son intégrité et qui ne bousillent pas sa santé. Celle-ci, si vous vous en préoccupez quelque peu, est une question de respect du corps, et l'homéopathie va dans ce sens.

Boiron fait de la pub qui vous dérange ? Allez glaner dans vos champs et voyez que c'est bien pire en allopathie, enfin !! J'en ai marre moi, des pub des labos de médicaments allopathiques qui leurrent également des "patients trop crédules"..

Bien cordialement.

Voilà le noeux du problème : les pro-homéopathie sont bien souvent des anti antibiotiques, pour simplifier ! L'homéopathie est pour eux plus naturelle, plus douce, tout aussi efficace, bref, elle véhiculerait presque des concepts proche de l'alter-mondialisation et de l'écologie. Si l'homéopathie est ainsi souvent ancrée dans les familles de l'éducation nationale, des écolos... ce n'est pas un hasard !

Enfin, cette question de preuve de l'efficacité scientifique de l'homéopathie, est, après tout, la seule qui vaille, pour moi. Vous me connaissez, cartésien intégriste comme je suis, il me faut des preuves ! Tout d'abord, voyons un peu ce qu'est réellement l'homéopathie :

Technique thérapeutique unique en son genre, l'homéopathie est pratiquée un peu partout dans le monde tant par des médecins, des dentistes et des vétérinaires que des naturothérapeutes, des chiropraticiens, des praticiens de la médecine ayurvédique, et nombre d'autres professionnels de la santé.

Créée au début du XIXe siècle par Samuel Hahnemann, elle repose essentiellement sur deux fondements :

  • La loi de similitude. Similia similibus curentur, le semblable guérit le semblable; ce principe, qu'on fait remonter à Hippocrate, veut qu'une substance qui provoque un groupe de symptômes chez une personne en santé puisse guérir une personne malade chez qui se manifeste le même groupe de symptômes. C'est ce principe qui a donné son nom à l'homéopathie, des mots grecs homeo et pathos signifiant respectivement « similaire » et « maladie ou souffrance ».
  • Le procédé des hautes dilutions. La théorie homéopathique veut que la dilution d'un remède puisse en potentialiser les effets curatifs. Les remèdes homéopathiques sont dilués plusieurs fois dans de l'eau ou dans un mélange d'eau et d'alcool. Entre les dilutions successives, on administre au remède une série de secousses (appelées succussions dans le jargon des homéopathes) dans le but de le « dynamiser ». Suivant le principe des hautes dilutions, plus grand est le nombre de dilutions, plus puissant est le remède.

Là je vous avoue que j'ai été plus que sceptique quand j'ai découvert que c'était de cette manière que l'on fabriquait ces petites granules blanches. Pour un non-scintifique, ça peut passer, mais pour quelqu'un qui a fait ne serait-ce qu'un peu de sciences dans ses études, ça parait déjà gros, voir énorme ! Et pourtant, ce n'est que le début, attendez la suite, entamons une série de critiques en règle !

L'homéopathie est donc une médecine "douce" ! L’utilisation de l’adjectif " douce " n’étant là que pour faire paraître " dure " la médecine moderne. En fait une technique médicale n’est ni " dure ", ni " douce ", elle est, ou n’est pas, efficace. Ensuite, tout est question d’utilisation et de rapport efficacité/risque.

L'homéopathie est donc une médecine "naturelle" ! C'est malin car cela s’appuie sur l’inconscient rousseauiste, pour lequel la nature est bonne et les créations humaines mauvaises. Le mythe du bon sauvage a encore frappé ! Peu importe l’éradication de la variole, la disparition de la polio, la maîtrise des maladies infectieuses, les progrès des anticancéreux et des antiviraux. Peu importe la libération des enfants-bulles grâce à l’apport des thérapies géniques. Peu importe que les peuples encore privés, hélas, des progrès médicaux survivent dans des conditions désastreuses avec une espérance de vie deux fois plus faible que la nôtre... De plus, l'homéopathie est loin de n'utiliser que des végétaux : broyât d'abeilles, de vers de terre, de puces de chats et de chiens ou de chenilles processionnaires sont aussi au programme. Tout cela évoque plus la caverne de la sorcière que l'herboristerie provençale. Bien entendu, les homéopathes se gardent bien d'insister sur ces détails peu ragoûtants et, dignes héritiers du "médecin malgré lui", transforment le vers de terre en "lambricus terrestris".

L'homéopathie est donc une médecine traditionnelle ! Elle est d’apparition récente (fin XVIIIème ) et elle est le fait de " l’illumination " d’un seul homme, ce qui la rattache plutôt à une secte qu’à une tradition séculaire !

Je sais que de nombreuses personnes me trouvent à ce stade de l'article trop partisan, sans doutes parce qu'elles ont pris, tout comme moi, ou prennent encore, de l'homéopathie, et qu'il est très désagréable d'avouer que l'on s'est fait rouler, d'avouer sa naïveté ! Pourtant, je pense convaincre le plus grand nombre avec ce qui suit :

Examinons scientifiquement le principe de dilution. Hahnemann part d’une solution mère obtenue, par exemple, par macération de graines de café dans de l’eau. Il prend une goutte de la solution mère qu’il mélange à 99 gouttes de solvant (eau ou plus rarement alcool). Il obtient ainsi le dosage 1CH (Centésimale Hahnemanniènne). Il prélève une goutte de cette solution et la dilue à nouveau dans 99 gouttes de solvant (2CH). Et ainsi de suite jusqu’à 30CH (Limite actuelle des préparations homéopathiques). La dilution réelle est donc alors de 10-60 (xCH correspond en effet à une dilution de 10 -2x de solution mère). Pour ceux qui ont gardé un mauvais souvenir de leur professeur de mathématiques, ce chiffre ne signifie rien. En fait, la présentation de ces dilutions par opérations successives bloque toute représentation concrète.

Pour être plus clair, imaginons donc de calculer dans quel volume d’eau il faut diluer, en une seule opération, la fameuse goutte initiale de teinture mère... Supposons qu’une goutte fasse 3 cg, c’est-à-dire 0,03g, soit un volume d’environ 0,03 cm3 ou encore 3.10-8 m3. Il faut maintenant multiplier par la valeur de la dilution pour obtenir le volume de solvant nécessaire. Ce qui donne : 3 10-8 .1060 = 3 1052 m3. Soit un cube d’un peu plus de 1,44 1017 m de côté.

Si vous avez tenu bon jusqu’ici, voici venu le moment où tout va s’éclaircir. En effet sachant que la distance de la terre au soleil est d’environ 1,5x10puissance8 km, soit 1,5x10puissance11 m, on comprend donc que le volume de solvant nécessaire à la dilution immédiate permettant d’obtenir une solution 30CH est, celui d’un cube dont l’arête est d’environ 2 millions de fois la distance de la terre au soleil...Est-il besoin d’ajouter des commentaires ?

Pour ceux que cet argument pour le moins massif n’aurait pas totalement convaincus, ajoutons en un autre. Tout élève qui est passé, ne serait-ce que près du radiateur, dans une classe de chimie de lycée, se souvient du fameux nombre d’Avogadro. Ce nombre, aux allures magiques, (6,023x1023) représente le nombre de molécules vraies existant dans une mole. Or, à la première dilution, on ne garde que 1/100 des molécules (10-2 ), ce qui signifie qu'au delà de 10-24 (12CH), il ne reste aucune molécule de la solution initiale, d’autant que la goutte de départ était loin de contenir une mole, et que la solution mère elle-même était en grande partie constituée de solvant. En fait on doit considérer que toute dilution supérieure à 8 ou 9 CH ne contient plus rien.

Alléguer que la connaissance de la matière n’est pas achevée n’est que mauvaise foi et incompétence. Les physiciens ont en effet, depuis longtemps, franchi la barrière de la molécule et de l’atome, pour répertorier les particules élémentaires, et ils voguent aujourd'hui gaiement dans l’antimatière. Pourtant, ni l’un ni l’autre de ces domaines ne peut intervenir au niveau d’une banale réaction biochimique.

En résumé, le médicament homéopathique ne contient "rien".

Dans le dossier "L'homéopathie au banc d'essai" publié en juin 1998 par "La Recherche", Annette Millet nous décrit en détail le processus de fabrication des granules et nous montre qu'il n'a rien à envier à ceux des plus grands laboratoires pharmaceutiques. Il ne manque que l'analyse du produit fini, le "rien" n'étant pas dosable !

Nous voilà rassuré, les produits homéopathiques ne contiennent "rien", mais ce "rien" est fabriqué avec le plus grand soin !

Enfin, si ils reste toujours des sceptiques, examinons ce qu'ont donné les tests scientifiques de mise sur le marché. Ces tests doivent tenir compte, pour chaque médicament, d'un éventuel effet placebo. Ce qui a pour conséquence que, depuis quelques années, un médicament n’est reconnu, et par là même ne reçoit son autorisation de mise sur le marché (AMM), que s’il fait la preuve de son efficacité par un essai en double aveugle en trois phases contre placebo.

Dans un essai en double insu ou double aveugle, non seulement le médicament à tester et le placebo sont présentés de façon identique au patient, mais le médecin prescripteur et ceux qui sont chargés de collationner les résultats ignorent la nature du produit, qui est repérée par un code secret détenu par une autre équipe.

Aucun test de ce genre n'a démontré jusqu'alors l'efficacité d'un quelconque "médicament" homéopathique, et d'ailleurs ceux-ci n'ont pas besoin de ces tests pour être mis sur le marché car les autorités sanitaires reconnaissent qu'ils ne contiennent rien, et qu'ils ne peuvent donc avoir d'effets secondaires ou indésirables ! A part peut-être pour les diabétiques, puisqu'une granule homéopathique, c'est du sucre à 100% !

Voilà donc pour les preuves, pour moi tout est clair, l'homéopathie est une fumisterie organisée par des laboratoires qui ont le cynisme de faire croire qu'ils sont plus "propres" que les autres !

Mais alors, cela pose de nombreuses questions !

En premier lieu, pourquoi tant de médecins sont homéopathes ? Il faut tout d'abord préciser que l'homéopathie n'est pas enseignée en médecine, et qu'elle ne peut l'être que par des cours privés, encore heureux ! Il ne faut pas non plus jetter la pierre sur les médecins, si nombreux sont ceux qui prescrivent de l'homéopathie, c'est, je dirais, par confort ! Confort pécunier, certes, puisque cela rapporte, quoi qu'on dise ! Mais confort dans la pratique de tous les jours aussi : de nombreux patients (souvent agés, ou en famille) abusent des consultations pour un rien. Si ces gens-là ressortent d'une consultation sans que le médecin ne leur ait préscrit quoi que ce soit (des médecins honnêtes, ça existe!), ils ne reviendront pas chez lui, ne se sentant pas bien soignés ! Alors le médecin a souvent la facilité de préscrire l'homéopathie ! Certains font ça pour éviter de préscrire des antibiotiques pour rien, d'autres croient sincérement en l'homéopathie, malgrès leurs études scientifiques, études remontant souvant à quelques dizaines d'années, et trop peu souvent réactualisées, mais c'est un autre débat !

L'homéopathie s'est ainsi imposée, par les médias, par les médecins et surtout par les deux grands laboratoires Boiron et Dolisos, sans que personne ne trouve rien à redire... mais de nombreux scentifiques osent maintenant dire ce qu'ils pensaient tout bas : tout ceci se rapproche plus de la secte que de la science !

Faut-il pour autant interdire l'homéopathie ? A mon avis, ce serait une erreur ! Pour de nombreux scientifiques, c'est une manière officielle de préscrire un placebo, et c'est souvent très utile ! Ce n'est pas cher. C'est sans risque. Et ça a parfois de l'effet (un effet placebo, certes, mais un effet quand même !), alors pourquoi l'interdire ? D'autant plus qu'une interdiction risquerait d'augmenter encore la surconsommation de médicaments allopathiques !

Par contre, il est à mon avis scandaleux que les laboratoires Boiron et certains médecins protestent contre le déremboursement de l'homéopathie ! Qu'ils s'estiment heureux! Le taux de remboursement est passé de 65% à 35%, moi, au contraire, je trouve scandaleux que l'assurance maladie le rembourse encore à 35% ! Vous rendez-vous compte que c'est comme si la sécu se mettait à rembourser les boîtes de sucre Béguin Say ? Enfin, vus les faibles prix des granulés, ce n'est pas trop grave quant aux sommes remboursées, mais c'est une question de principe ! L'Etat ne doit pas encourager des partiques sectaires !

Voilà, mes amis, j'espère vous avoir convaincu, j'espère que vous serez nombreux à réagir dans le forum ci-dessous ! (précisez au passage si vous avez déjà dans votre vie pris des substances homéopathiques et si vous en prendrez encore à la connaissance de ces éléments ?)

Cet article, je l'avoue, reprend parfois texto certains passages de sites internet dont je n'ai malheureusement pas conservé la trace, tappez "homéopathie" sur google, vous trouverez sûrement bien d'autres élements qui vous convaincront !