Pour la première fois de ma vie d'électeur,[1] je ne sais pas... Il y a un mois de cela, j'étais à peu près sûr de mon choix du premier tour, mais aujourd'hui que nous avons un improbable 14-24-25-26 pour le Pen, Bayrou, Royal et Sarkozy, je ne sais plus. Dominique du coeur ou Ségolène de la raison ? La gauche absente du second tour, j'aurais vraiment du mal à le supporter à nouveau ! Et au second tour, en étudiant toutes les configurations possibles, certaines me laissent dans un abyme de perplexité. Envisageons, puisque c'est à la mode, Bayrou-Sarko. Et bien, je vais sûrement en faire bondir certains, mais je ne sais pas ! Ceux qui voteront Bayrou par choix tactique (celui qui aurait soit disant le plus de chances de battre Sarkozy) ou par mysoginie non avouée, ou pour un peu des deux, (car, interrogez ses nouveaux adeptes, c'est rarement pour son programme que l'on vote Bayrou !) feraient bien de réfléchir à cela : non, il n'est pas évident que le peuple de gauche se précipite sur Bayrou au second tour. Le bulletin blanc me tenterait de plus en plus dans ce cas, et je suis sûr de ne pas être le seul. Nous sommes nombreux à ne pas vouloir de Sarkozy. Mais nous sommes aussi nombreux à ne pas vouloir se faire avoir une seconde fois. Voter blanc serait alors le plus formidable des votes protestataires, face à la formidable machine médiatique à broyer Ségolène et à encenser le troisième homme soit disant seul contre tous. Enfin, en même temps, je dis ça, mais face au danger Sarko, je ne sais pas...[2]
Dans cette campagne, nous avons tous l'impression que tout peut déraper très vite. Avec, toujours, un borgne en embuscade. Un borgne qui fait désormais plus que jamais partie, c'est un comble, de la bande des quatre ! J'aimerai aussi dire "qu'est ce qu'on s'amuse" avec le Capitaine, face à tant de suspense et de retournements de situation. Mais je suis loin de m'amuser. Voir une gauche historiquement bas dans les sondages, je ne trouve pas cela drôle. Voir divers lobbys de plus en plus influents dans la campagne, je trouve cela inquiétant. Au risque de paraître défaitiste et aigris, je dirai que contrairement à 2002, un éventuel fiasco de la gauche ne serait cette fois pas à mettre sur le dos du candidat, mais sur celui des électeurs. Oui, j'en suis persuadé, dans notre bonne vieille France, la mysoginie "bon teint" est sans doute responsable de 5 à 10 % de votants qui manqueront peut être à Ségolène.
Pour la première fois dans une élection, même si parfois j'étais chagriné des résultats, je suis cette fois-ci franchement inquiet. Disons-le tout net : j'ai peur.
Donc la raison l'emportera sur le coeur !