VGE

D'un côté les réacs de gauche et les nationalistes : ceux qui n'ont jamais voulu de l'Europe, qui disaient non depuis Maastricht, et qui diront non quoi qu'il arrive, tels les Laguiller, communistes, villieriste et fascistes... de l'autre, le centre-mou, toujours plus ou moins pro-européen, puisqu'il faut bien avancer dans le sens de l'histoire : les verts, les socialistes, l'UDF et l'UMP, et même les syndicats européens. Tout était si simple pour les médias et les politiques... Tellement simple que moi j'avais bien du mal à me retrouver, à me décider sur cette fameuse constitution. Vous me connaissez, je suis d'habitude un fervent pro-européen, bien que fondamentalement pas libéral. Et c'est là que j'ai eu un doute : voyons, voyons, cette constitution en est-elle d'abord bien une ? Que nous propose-t-elle qui soit réellement des avancées ? Et surtout, serait-ce véritablement un danger de voter non ? Trois questions que je me posais dans le vide, jusqu'à ce que Fabius arrive, et fasse tout exploser ! Et là, je me réveille ! Mais non, je ne rêve pas ! Profondément risible et pathétique que le seul à avoir osé dire non soit celui-là, ce grand mou social démocrate que j'ai toujours plus ou moins détesté ! Qu'il le fasse en plus pour des raisons électoralistes ! Et qu'il trouve de mauvaises raisons à cela, c'est le comble !

Voilà le problème : il est le seul à dire non, ce qui pour moi le rend héroïque, car il le fait contre tous : même ceux de son camp ! Il a donc le mérite d'ouvrir le débat !

Mais en même temps, il le fait surement pour des raisons éléctoralistes, pour se repositionner à gauche dans la course aux candidats présidentiables du PS, face à des DSK ou des Hollande, voir même face à Jack Lang, dont on prédit de plus en plus souvent qu'il pourait enfin se lancer dans la course. Il se démarque donc de ces trois là qui ont opté pour le "oui" franc et inconditionnel.

Et voilà enfin le comble : dans sa déclaration à la presse, il dit essentiellement que ce projet de constitution n'est pas bon car il ne permettra pas de lutter contre les délocalisations intra-européennes. Et là, c'est complètement absurde, il y avait mille autres raisons à trouver, mais pas celle là, par pitié ! Les délocalisations en France ne concernent que 5% des suppressions d'emploi, alors qu'on arrête avec cette rumeur que je juge un poil nationaliste ! On dirait de l'économie de comptoir, vous savez, quand le brave français qui croit tout savoir se lance dans des conjonctures économiques, acoudé au comptoir d'un bar PMU de province !... Du populisme bas-de-game quoi !

Voilà, et pourtant... Il y aurait tant à dire sur ce projet constitutionnel ! Ce n'est pas Fabius, vous vous en doutez, qui m'a convaincu que ma tendance à me méfier de cette constitution était réaliste. Non, c'est ATTAC, l'association alter-mondialiste qui donne des cours d'Economie au plus grand nombre pour avoir les moyens de lutter contre la globalisation actuelle. Et que dit ATTAC ? Tout d'abord que cette constitution n'en est pas une, puisqu'elle n'est pas établi par une assemblée constituante, et que d'autre part elle ne laisse pas le choix en matière de politique à suivre : ce sera le libéralisme ou rien ! ATTAC critique également, entre autres :

  • le fait que cette constitution ne soit pas laïque,
  • que l'OTAN soit citée par deux fois alors que ce n'est pas une institution européenne,
  • qu'il sera très difficile voir impossible de modifier ou d'amander à l'avenir cette constitution,
  • le fait que « les Etats membres s'engagent à améliorer progressivement leurs capacités militaires »...

Et c'est ainsi que le jour du référendum il y aura un bulletin "non" de plus dans l'urne, le mien. Et franchement, ce n'est pas de gaîté de coeur, moi qui rêve d'une Europe puissante face aux USA, en être réduit à voter non à cette chance qu'on avait de faire avancer la machine.

Ce qui m'énerve au plus haut point, c'est la confiscation du débat par certains, même à gauche. Et la débilité des analyses journalistiques, selon lesquelles le "non" de Fabius entrainerait le "non" des socialistes, et donc celui des français, et donc celui des européens... Et tous de nous prédire le pire en cas de victoire du "non" : la France isolée (comme si c'était en France que le non avait le plus de chance de l'emporter !), la fin de l'Europe... (comme si elle avait commencé !) Selon ces gens-là, seul le "oui" est possible, même pas un "oui, mais" ! Déçu donc, par Hollande et compagnie au PS, par les Verts et même par l'UDF qui devrait avoir de plus hautes exigences pour l'Europe que ce pseudo traité ! Alors on nous dit que ça serait affreux d'en rester au vieux traité de Nice, je suis tout à fait d'acord, mais il ne fallait pas l'approuver avant, maintenant c'est trop tard ! Il ne fallait pas mettre la charrue avant les boeufs et attendre d'établir une vrai constitution, quitte à ne la faire que pour les six pays fondateurs profondément européens, avant d'élargir à tout va à 25 pays ! Alors, une fois pour toutes, voter "non" au référendum, ce n'est pas "voter comme le Pen " comme vous le diront certains au PS, ce n'est pas non plus "voter contre l'Europe et pour le rétablissement de la souveraineté française" comme vous le diront certains au PC ou au FN, voter "non" au référendum, c'est pour moi être plus européen que jamais !

Quelques Liens :

Le projet de constitution européenne (format pdf)

Les 21 exigences d'ATTAC

4 exigences pour l'Europe

Si vous hésitez encore à voter non