Consom'acteurs !
Par Droop le mardi 23 novembre 2004, 00:40 - Notre Planète - Lien permanent
Le temps des années 80, règne des grandes marques et de la consommation à outrance semble aujourd'hui bien révolu. Le consom'acteur est né. Il réclame des droits fondamentaux face aux grands groupes industriels : le respect de l'environnement, l'éthique économique et la santé. Et si il n'obtient pas satisfaction, le consom'acteur agit, et c'est ça qui est nouveau. Il boycotte. Il pétitionne. Il part en campagne. Il s'organise en associations, en groupements de pression pour alerter l'opinion publique. Mieux, il influence l'industrie, en la poussant sans cesses à créer de nouvelles normes, de nouveaux labels qui répondent à ses exigences. Et ces nouveaux labels, il n'hésite pas à payer plus cher pour les favoriser.
Le respect de l'environnement
L'Ecologie semble être une des préocupations fondamentales du consom'acteur. L'Europe, sous la pression des consommateurs-électeurs a su ainsi imposer des normes de plus en plus restrictives à l'industrie automobile : un véhicule neuf, essence ou diesel, pollue aujourd’hui dix fois moins qu’il y a dix ans.
On se souvient également, que c'est sous la pression des consommateurs qu'ont été interdits les aérosols contenant du CFC, un gaz suceptible d'agraver le trou dans la couche d'ozone. (le gaz, pas le groupe !)
La gestion des déchets ménagers a aussi considérablement évolué en France, ces dix dernières années, même si il reste encore d'énormes progrès à faire. On a ainsi vu apparaitre le tri sélectif, des incinérateurs avec de nouvelles normes de rejets atmosphériques, le recyclage, et enfin les éco-emballages. C'est en effet dans le domaine des emballages que semblent aujourd'hui se porter toutes les attentions du consom'acteur : éviter les emballages inutiles (en évitant d'acheter les portions individuelles, les lingettes à la mode, par exemple), favoriser les emballages recyclables et recyclés, voir même favoriser les embalages totalement bio-dégradables, encore trop rares (comme ceux à base de maïs). Des normes ont ainsi vu le jour, accompagnées de logos présents sur les emballages, dont on peut juste regretter qu'ils sont trop nombreux !
NF Environnement et Eco-Label Européen (équivalent européen de la Norme Française, avec encore quelques exigences de plus!) :
Point Vert, indique que l'entreprise qui a fabriqué le produit ou qui le commercialise participe financièrement aux programmes de recyclage des emballages ménagers. Le label est géré par la société Eco-Emballages :
Papier recyclé :
Contient des matériaux recyclés :
Recyclable :
Aluminium recyclable :
Acier recyclable :
Plastique recyclable, le logo est généralement accompagné d'un chiffre qui correspond à un type de plastique :
- Le chiffre 1 : PET (bouteille d'eau)
- Le chiffre 2 : PEHD (bouteille de détergent ou de shampoing)
- Le chiffre 3 : PVC (tuyau d'eau gris, gaine électrique)
- Le chiffre 4 : PELD (film d'emballage)
- Le chiffre 5 : Polypropylène (bouchons de boisson gazeuzes)
- Le chiffre 6 : Polystyrène (tableau de bord, isolation)
- Le chiffre 7 : autres plastiques.
Verre recyclable :
Dans le domaine énergétique aussi, des normes se sont imposées, en particulier dans le domaine informatique et hi-fi avec des normes écologiques présentes pour les matériaux utilisés, la consommation en énergie de l'appareil (en marche et en veille) et aussi les émissions électromagnétiques des écrans. Vous avez peut-être déjà vu ces logos sur vos écrans d'ordinateurs : (sinon, c'est que vous avez un vieil ordinateur polluant, bouhh!!!)
Ils correspondent à des normes, de la moins stricte à la plus stricte : allemande, américaine, européenne :
Pour l'électro-ménager, ce sont de petites fiches aux normes européennes qui sont apposées sur tout vos appareils neufs : elles signalent par un "A" les appareils les moins gourmants en énergie, donc les moins polluants, mais aussi les moins chers à l'usage, peu de gens y pensent !
Enfin, en matière décologie, c'est sans doutes avec les industries agro-alimentaires que les consom'acteurs sont les plus exigents. A l'heure de la vache folle, de la grippe aviaire, du poulet aux hormones, des nitrates dans les nappes phréatiques, de l'élevage intensif, des pesticides, des pluies acides, de l'irrigation à outrance, de la prolifération des OGM... il y a, en effet, de quoi faire ! C'est ce qui explique sans doutes le grand succès des produits bio, des AOC et des labels rouges. Attention, ces produits ne seront pas forcément meilleurs pour votre santé (tout comme l'Homéopathie, aucune étude scientifique n'a réussi à démontrer un quelconque bienfait des produits bio pour l'organisme, par rapport à d'autres produits classiques.) Par contre, ils seront meilleurs au goût dans tous les cas, et, pour les produits bio, leur maturation ne se sera pas faite au détriment de l'environnement. Pas d'engrais. Pas de pesticides.
Label Bio (Agriculture Biologique, logo français et européen) : absence d'utilisation de produit chimique ou de synthèse.
Label Rouge : le goût d'un produit.
AOC (Appellation d'Origine Contrôlée) et AOP (Appellation d'origine Protégée, équivalent européen) : expression d'un terroir, garantie géographique.
Atout certifié qualité et Critère Qualité Certifié : valorisation d'une caractéristique.
Reconnu saveur de l'année : seuls les produits dont les fabricants ont payé peuvent concourrir. Ce sont les produits issus des grands groupes alimentaires. Aucune garantie de qualité, ce logo est même à éviter !
L'Ethique Economique
Préocupation apparue plus récemment, l'éthique est en vogue, avec le développement du commerce équitable, dont le nombre de produits et la présence dans les grandes surfaces ne cessent d'augmenter. Le commerce équitable n'a pas à proprement parlé de normes nationales, et ce sont des associations qui décernent des labels de manière transparente.
Ce label de commerce équitable garantit que le produit a été acheté à un prix "correct" aux producteurs et produit dans des conditions respectueuses des droits de l'Homme et de l'environnement. Tous les acteurs de la filière sont agréés et contrôlés par des organismes indépendants. Les principaux produits concernés sont le café, le thé, le chocolat, le jus d'orange, le sucre, le riz, les bananes... D'autres filières sont actuellement à l'étude, dont une marque de vêtements. Le label Max Havelaar est à l'heure actuelle le seul label de commerce équitable alimentaire en France. Vous trouverez parfois le label Alter Eco, qui est un concessionnaire de Max Havelaar. Les produits issus du commerce équitable sont souvent un peu plus chers que le commerce traditionnel, mais il faut savoir qu'ils sont souvent de qualité exeptionnelle (si vous n'en achetez qu'un, essayez les tablettes de chocolat noir ou au lait Alter Eco, sublime, au cacao d'amèrique du sud et au sucre de canne d'indonésie !), qu'ils peuvent cumuler en plus le label agriculture biologique. A noter que Leclerc se lance dans l'aventure en proposant des produits issus du commerce équitable en marque repère, donc pas chers ! D'autres supermarchés, en plus des supérettes bio, proposent de plus en plus souvent des rayons entiers commerce équitable. Le supermarché en ligne Houra propose également une vingtaine de produits différents équitables.
Evidemment, l'Ethique commerciale parait tout de même très éloignée des objectifs de la grande distribution. Rien ne vous empêche aujourd'hui de ne plus aller faire vos courses en supermarché. Pour les moins convaincus, il existe donc les supermarchés en ligne Houra ou ooshop, ca vous évitera de polluer inutilement votre ville en y allant en voiture (le livreur, lui, n'a qu'une seule camionnette pour plusieurs clients) et en plus vous éviterez ces cons de retraités aux caisses qui ont toute la semaine pour faire les courses, mais qui nous font chier à les faire le week-end ! Plus sérieusement, en matière de commandes sur internet, il y a aujourd'hui bien mieux : Paysans.fr vous propose de vous livrer directement chez vous des produits fermiers du producteur au consommateur sans passer par le distributeur ! Et en plus, c'est de la qualité ! Les consomacteurs.com, quant à eux, vous proposent une vente à distance d'objets écologiques et d'écoproduits.
Et puis, si vous avez honte de vos vêtements fabriqués par de petits indonésiens sous exploités, vous pouvez toujours, en signe de protestation, arracher les logos de vos marques, comme le font les adeptes du "No Logo". A moins que vous ne préféreriez acheter de beaux tee-shirts chez Goéland avec des slogans anti-marques et anti-capitalistes !...
La Santé
Aucun label ne se préoccupe de notre santé. Très peu d'études également. Les Consom'acteurs n'ont pas attendus que les pouvoirs publics réagissent, (l'INSERM, par exemple, reste souvent muette) pour s'organiser face aux multinationales de l'industrie, pour protéger notre santé publique. Ils se sont bien souvent réunis en association pour faire entendre leurs droits. La plus connue d'entre elles, l'UFC-Que Choisir, nous protège et fait évoluer la législation en notre faveur, depuis 1951. Ses combats les plus significatifs ont été :
1963 : la radioactivité des aliments.
1965 : la pollution des eaux.
1969 : les cartes de crédit.
1970 : la pollution des plages. La publication de cette enquête est à la fois un grand scandale et un grand succès. Car si les municipalités s'indignent devant la révélation des chiffres incontestés de pollution de leurs plages, les pouvoirs publics, sous la pression de l'opinion, finiront, cinq ans plus tard, par publier systématiquement les résultats d'analyses de l'eau de mer.
1972 : premier relevé de prix sur l'ensemble des grandes surfaces de France.
1975 : les casques de moto.
1976 : Que Choisir fait connaissance avec la justice à la suite de son enquête sur l'amiante dans le vin. Quatre ans plus tard, les pouvoirs publics interdiront définitivement l'usage de filtres d'amiante. (on croit réver!)
Même résultat après le boycott des colorants déclenché la même année : certains seront interdits quelques années plus tard.
Pour la première fois, l'UFC-Que Choisir obtient le droit d'ester en justice dans l'intérêt collectif des consommateurs.
Premier test d'une profession libérale, celle des avocats.
1977 : boycott des aérosols, affaire suivie en 1987.
1978 : premier test des médecins. Tollé général dans la profession.
Pour la première fois, une association de consommateurs obtient le retrait du marché de deux produits dangereux: le pyjama au tris (un matériau soupçonné d'être cancérigène) et les lampes au trichloréthylène.
C'est aussi la première fois qu'une enquête de Que Choisir sur les ententes entre opticiens aboutit à des sanctions à l'encontre d'un organisme professionnel (le syndicat des opticiens). Une plainte avait été déposée auprès de la Commission de la concurrence. Désormais, les associations de consommateurs pourront saisir cette instance.
1979 : 2 000 pneus V12 de la marque Kléber-Colombes éclatent ou sont défecteux. À l'UFC qui s'interroge, le fabricant intente un procès, réclamant 20 millions de francs de dommages et intérêts. L'affaire a un retentissement considérable. La bataille dure 4 ans. En 1983, Kléber-Colombes retire sa plainte.
1980 : l'UFC dénonce le trafic à grande échelle de produits hormones et anabolisants administrés au bétail et interdits en France depuis 1976. L'UFC appelle au boycott. La vente du veau s'effondre mais la justice, sans se prononcer sur le fond, interdit à l'UFC de poursuivre son action. Le problème reste d'actualité.
1983 : sans procès, sans boycott, sans finasserie ni argutie, la régie Renault accepte de rappeler pour vérifications quelques dizaines de milliers de Renault 18. Renault et Que Choisir publient même ensemble les numéros des séries présumées défectueuses.
1986 : nous entrons dans le présent avec la leçon de Tchernobyl, le dossier explosif sur les écoles bidons, l'offensive contre le chèque payant...
1988 : la chaptalisation du beaujolais.
De la listeria trouvée dans d'autres produits que le fromage.
1989 : les lessives sans phosphates. Que Choisir prouve que les lessives sans phosphates, non polluantes, sont aussi efficaces que les autres. Une polémique s'engage avec Rhône-Poulenc, premier producteur mondial de phosphates.
1989 : les nitrates dans l'eau. La présence de nitrates dans l'eau potable provoque une vive émotion. L'UFC a joué un rôle important dans la prise de conscience de cette pollution et refuse de voir les consommateurs supporter le surcoût de la dépollution de l'eau.
1991 : la vache folle déjà ! Boycott de la consommation d'abats.
1994 : vapeurs d'essence. Attention cancer !
1996 : l'affaire de l'ESB (vache folle): les produits à éviter.
1997 : des pesticides dans l'eau du robinet.
L'étiquetage de la viande bovine. L'UFC-Que Choisir se bat pour obtenir qu'un produit puisse être tracé tout au long de la filière quelle qu'elle soit, afin que l'on puisse connaître son origine, les modalités de sa transformation, les techniques de conservation, et en exiger l'étiquetage.
1998 : les dangers des OGM (organismes génétiquement modifiés). Comme pour l'ESB, l'UFC-Que Choisir se bat pour obtenir la traçabilité des OGM.
1998 : l'UFC-Que Choisir dénonce le scandale des factures d'eau.
2000 : l'UFC-Que Choisir lance une pétition contre les chèques payants qui obtient plus de 150 000 signatures.
Enfin, ces derniers temps, on peut citer l'attaque en justice de quatres banques symboliques contre leurs entente tarifiaires, l'attaque contre le prix élevé des SMS ainsi que le scandale des aérosols et des encens cancérigènes...
Comme vous pouvez le constater, cette association se démène et fait peur aujourd'hui aux grands groupes ripoux ! Mais c'est bien triste de constater que sans l'UFC, personne ne serait là pour défendre les consommateurs, même pas les pouvoirs publics, qui, pourtant, devraient avoir retenus certaines leçons en matière de santé publique... J'ai été stupéfait que ce soit cette association qui dénonce les aérosols cancèrigénes, et qu'aucun scientifique ne l'ai fait avant ! Les lobbys industriels cadenasseraient-ils la recherche française à ce point ?
D'autres façons de consommer
Le consom'acteur peut donc aujourd'hui avoir une véritable influence sur les choix de développements futurs. En privilégiant systèmatiquement certains produits plutôt que d'autres, en étant attentif à ce qu'il achète, en se regroupant en groupes de pression, il peut ainsi désormais théoriquement influer largement la politique des grands groupes industriels. Reste qu'il y a encore du chemin à faire !...
Commentaires
Difficile de trouver cet article crédible propos des signes de qualité, alors que vous devriez savoir que Reconnu Saveur de l'Année est le seul qui soit décerné par les consommateurs ... après test monadique des produits, en laboratoire norme européenne !
Seuls les produits inscrits peuvent concourir au risque de ne pas avoir une note de goût suffisante .... cette inscription est payante de même que l'utilisation du logo mais aussi des PME que des grands groupes se retrouvent dans le palmares annuel (160 produits lauréats en 2005) !
merci de ne pas sombrer dans la désinformation par ignorance !
un lecteur par hasard
Patrice
Mea Culpa : j'ai peut-être été un peu sévère concernant ce "label" ! Mais en l'occurance ce n'est pas de l'ignorance, mais du militantisme ! Permettez que l'on ne soit pas forcément de la même opinion que vous : ce test ne représente que ce qu'il représente, c'est à dire pas grand chose puisque seuls les candidats inscrits ayant payés peuvent être jugés, et que cela ne concerne que des produits de supermarché. J'aurais dû être plus modéré cependant en précisant que la majorité des produits lauréats sont issus de grands groupes alimentaires, et non la totalité ! Je ne remets pas en cause le sérieux des méthodes d'analyses gustatives de ce test (quoiqu'on puisse toujours dire que le goût reste une affaire personnelle), mais pour moi ce label est avant tout un objet publicitaire plus qu'un garant de qualité. Et le fait qu'il soit décerné par des consommateurs plutôt que par des professionnels, je ne trouve pas forcément que cela soit un atout, contrairement à vous. D'ailleurs, votre opinion différente de la mienne n'est pas une surprise en soit puisque vous semblez travailler pour une agence de Web marketing pour la promotion des ventes au service des grandes marques... Nos intérets ne sont pas les mêmes, croyez moi !
Commentaire sur le commentaire du commentaire
Chacun est libre de penser ce qu'il pense, et heureusement mais nier la valeur du etude - fiable au demeurant - auprès de consommateurs c'est un peu comme nier la démocratie. vous pensez qu'il vaut mieux que des experts parlent pour nous ? C'est surprenant !
Quelqu'un peut expliquer à gmadec parce-que moi je me sens las face à ce genre de propagande qui n'a pas lieu que sur mon blog d'ailleurs ! Mais que voulez-vous, quand du fric est en jeu...
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