Ukraine, 2004

Non, vraiment, j'admire leur calme, à leur place, il y a longtemps moi, que j'aurais balancé un pavé à la gueule des militaires ou que j'aurai bloquée une colonne de blindée russe ! Mais non, à l'est, à l'instar des géorgiens, on n'aime pas la violence, même légitime, visiblement ! Faut dire que pour nous français, qui avons connus maintes révolutions, guerres et autres grêves générales, c'est un peu plus facile pour nous de critiquer le pouvoir en place !

Le plus intéressant quand on vie l'Histoire en direct, ce sont les détails. Les petites histoires. Les histoires qui font l'Histoire, quoi ! La présentatrice rigide de la chaîne du gouvernement annonçant aux gens de la province ukrainienne que la situation est calme à Kiev, et qu'il y a juste de petits groupes d'agités qui protestent, jusque là, rien d'anormal dans une dictature. Sauf que, en décortiquant les images, les médias occidentaux se sont apperçu que la dame qui traduisait les informations en langage des signes, dans sa petite fenêtre en bas à droite, disait avec ses gestes à peu près ceci : "Le pouvoir vous ment. Ceci n'est pas vrai. Les gens sont dans la rue en masse. Descendez les rejoindre !"

Seuls les sourds-muets auront donc eu une information libre en Ukraine ! Et on peut s'imaginer des cohortes de sourds muets prenant d'assaut la présidence, et mettant l'un des leurs au pouvoir... Aux informations nationales, la présentatrice pour les entendants serait reléguée dans une petite fenêtre en bas à droite de l'écran. Nous aurions alors en Europe un deuxième dirigeant mal-entendant, après Jacques Chirac, bien entendu. Et tout le monde se réjouirait de voir à la télé un président parler au peuple avec des signes. Tout le monde. Sauf les aveugles, bien entendu.