De toutes façons, je n'ai pas collé ce papier sur ma boîte. Pourquoi me direz-vous ? Pour une raison simple : les gens qui les distribuent ne le font que par absolue nécessité et de toute façon aucun retour n'est fait sur la quantité distribuée. Faut dire que je connais très bien quelqu'un qui a travaillé dans cette distribution de pub : mon père.

Récupération de la marchandise

Le départ de la chaîne est d'aller chercher des journaux. Et là, vous en avez pour votre argent (Je pense que mon père a de quoi allumer le feu de la cheminée pour le restant de ses jours avec les excédants).

Second point, il faut "encarter" la pub. En gros, vous avez 1000 prospectus de 3 ou 4 sortes différentes (le quotidien des petites annonces, une pub pour carouf et une autre pour soft countdis) et vous devez glisser dans le journal des petites annonces les 2 ou 3 autres prospectus. Première précision, ce travail ne fait pas partie des heures rémunérées !!! Pour l'avoir fait une fois ou deux, je peux vous affirmer que ça prend facilement 1 ou 2 bonnes heures à plusieurs. Mais bon, ça se faisait en famille au moment des fêtes et on rigolait bien. J'imagine qu'en temps normal quand on le fait tout seul, ça doit être beaucoup moins fun.

Donc, après avoir été prendre la pub chez l'imprimeur, déchargé la pub, encarté la pub, rechargé la pub dans le camion (le vôtre bien sûr !), vient le moment tant attendu par tout le monde : la distribution !

Il faut prendre son petit diable rempli de saloperies de prospectus et aller se coltiner chaque boîte aux lettres pour la remplir d’un flot ininterrompu de pub pour électroménager/bouffe/opération commerciale. Quand mon père croise un écriteau "pas de pub merci", il est réglo et il passe à la boîte aux lettres suivante. Petites précisions, quelque soit la tournée, vous avez le même nombre d'heures pour faire votre travail de distribution. En gros, que vous deviez vous taper toutes les fermes du fin fond de la campagne ou le centre ville d'une préfecture, vous avez le même nombre d'heures (Même si la distance qui sépare deux boîtes aux lettres en ville est de l'ordre de quelques mètres et qu'en campagne elle est de quelques centaines de mètres).

Donc, il est vrai que même si au départ, mon géniteur a essayé de respecter les tournées, il a eu très vite tendance à se délester plus tôt que prévu d'une partie des prospectus ... dans des récupérateurs de papier (sans les encarter of course). Puis l'habitude aidant (ainsi que la connaissance plus fine de l'emplacement des points de recyclages papier), les tournées se sont réduites au strict nécessaire : le travail étant payé un nombre donné d'heures, mon père travaillait ce nombre d'heures. Ce nombre d'heures incluant bien sûr le recyclage des papiers.

Bien sûr, il y a toujours des gens pour se plaindre de ne pas recevoir leur quotidien rempli de petites annonces et encore plus fort, certains écrivent même au journal pour signaler qu’ils n’ont pas reçu le fameux journal. Ce qui fait que mon père s’est fait tirer les oreilles parce qu’il n’avait pas distribué une partie de sa marchandise (vilain papa !).

Truc et astuce : Bien noter les adresses des personnes mécontentes pour qu’elles aient droit à une double ration de journaux.

Pour résumer ...

Des gens sous payés (largement en deçà de tous les minima sociaux) se font chier à remplir des boîtes aux lettres de prospectus polluant dont personne ne veut. Ces prospectus sont produits en trop grande quantité sur du papier polluant avec des encres polluantes pour vanter des produits polluants et ces prospectus finissent la plupart du temps directement dans des bennes à recycler ou dans la poubelle.

Comme dirait mon pote Philippe Meyer, je vous souhaite le bonjour nous vivons une époque moderne.