Yvan Delporte est mort
Par Droop le vendredi 16 mars 2007, 16:19 - Notre Epoque - Lien permanent
C’est un entrefilet dans les Inrocks qui m’a appris la triste nouvelle : Yvan Delporte n’est plus. Il s’est éteint le 5 mars dernier à Bruxelles et j’avais totalement raté l’information. Toi, lecteur de BD néophyte, tu ne sais sans doute pas qui il est. Et c’est là tout le paradoxe de ce personnage : discret et incontournable à la fois.
Il fut le rédacteur en chef du journal de Spirou de 1956 à 1968, autrement dit la grande époque du journal concurrent de celui de Tintin. Mais sait-on également qu’il fut scénariste, et pas des moindres ! Sans lui, Gaston (et oui, Franquin n’était pas seul sur le coup !), les idées noires, les Schtroumpfs (en BD mais aussi en dessins animés), Isabelle, Johan et Pirlouit, Cubitus, Germains et Nous ou Boule et Bill n’existeraient pas … Il fut également l’inventeur des fameux mini récits à découper dans le journal de Spirou.
Yvan Delporte, © Laurent Mélikian
Mais les vrais connaisseurs l’estiment surtout parce qu’il a été en 1977 le responsable, avec Franquin, d’un supplément de Spirou devenu cultissime : Le Trombone Illustré. Jugez plutôt : y furent publiés des auteurs aussi divers que Bilal, Jannin, Tardi, Gotlib, Mézières, Danny, F’murr ou Claire Bretécher, et permit à Franquin d'y développer ses fameuses Idées noires. Tout cela dans le journal de Spirou, on comprend que le concept avant-gardiste ne dura que trente numéros ![1] Il avait d’ailleurs pour projet de faire un numéro spécial du Trombone Illustré pour le trentième anniversaire de Spirou Magazine.
Il est, au même titre que Goscinny, considéré comme quelqu’un qui a su donner un virage à la bande dessinée vers un age adulte.
Il fut également le « découvreur » de nouveaux talents de la BD et a soutenu avec passion la nouvelle génération des français : Trondheim, Menu, Sfar et Larcenet…
Pour l’anecdote, Wikipedia nous apprend que, quand il fut invité aux Grammy Awards, lorsqu'il travaillait sur les dessins animés des Schtroumpfs pour la NBC, il devait porter un smoking, ce qui n'était pas son genre. Il s'était alors fait fabriquer sur mesure un smoking en jeans !
On dit aussi que jusqu’à la fin de sa vie, même sur son fauteuil roulant, Yvan Delporte continuait d’éclater de rire à la lecture des planches de Franquin.
La Rédaction du journal de Spirou, déjà en deuil de Morris en 2001 (Lucky Luke) et Robba en 2006 (Boule et Bill), lui rendra hommage dans le numéro 3599 du 4 avril 2007.
Liens
Hommage à Delporte de la profession
Trombone illustré sur Bd oubliées
La rareté des rééditions du tombone en fait un supplément culte
Notes
[1] Paru durant seulement 30 numéros, puis repris par le magazine (A suivre) sous le titre Pendant ce temps, à Landerneau, ce supplément subversif marquera toute une génération de lecteurs et de dessinateurs, comme Gotlib ou Mandrika.
Commentaires
Si le paradis existe, on doit bien s'y fendre la poire, entre Delporte, Franquin, Roba, Morris, Tillieux, Will, Goscinny et les autres.
Mais si, comme je le crois, il n'existe pas, c'est juste une absence de plus, et encore un morceau de nos enfances qui se dissout dans l'humus. P'tain, ça fait chier.
Que cela ne nous empêche pas de relever l'info du jour : Droop lit les Inrocks, hi hi hi !
Pire que çà : je lis aussi Télérama. C'est normal, je suis parisien !
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