C'est ainsi que la procureure a sermoné Benjamin Deceuninck, un militant anti-OGM de 26 ans qui était jugé vendredi à Alès pour ne pas s'être soumis au prélèvement de son empreinte génétique par les gendarmes.

Je passerai sur le débat actuel anti-OGM et sur le débat également de la désobéissance civique face à ce danger, là n'est pas mon propos du jour. Pourtant, comme le souligne fort justement Gérard Dupuy de Libération, "ce n'est sans doute pas un hasard si le militant jugé à Alès pour s'être refusé à un tel prélèvement combat aussi les OGM. Dans les deux cas, le problème n'est pas celui des dangers intrinsèques de la génétique moléculaire mais l'utilisation de celle-ci dans des stratégies sociales appuyées sur des arguments tronqués."

Je me pose de plus en plus de questions. Honnêtement, sommes-nous encore dans une démocratie ? Le glissement lent et "pernicieux" vers une dicature s'opère chaque jour un peu plus sans que personne (à part les gauchistes et écolos de service) ne réagisse. Nous sommes fichés. Partout dans le monde. Aux Etats-Unis, on essaye d'enregistrer l'ensemble des conversations téléphoniques du pays dans ce qui serait la plus grande base de données au monde. Mais, chez nous aussi, la constitution d'un fichier génétique est recommandée par une résolution du Conseil de l'Union européenne de 1997. En Angleterre, ce sont maintenant 5% de la population qui sont fichés génétiquement, dont des personnes qui n'ont jamais été condamnées. En Allemagne, les textes autorisent aussi l'organisation de tests génétiques dans une fraction de la population.

Et la France bascule : nous sommes passés du fichage des pédophiles, puis de l'ensemble des délinquants sexuels, au fichage des coupables d'acte de barbarie et de terrorisme, puis enfin de tous les délits, notamment le redoutable «outrage à agent», avant que finalement, avec le fascisme de Perben II, on autorise le prélèvement autoritaire sur les détenus. Dans 10 ans, je pense que chaque naissance sera accompagnée d'un prélèvement génétique, grâce aux lois Sarkozy III.

Pourquoi les droites au pouvoir du monde entier basculent toutes vers l'extrèmisme ? Car fondamentalement, la principale différence entre un homme de gauche et de droite se situe là aujourd'hui : là où l'homme de gauche préfère voir des coupables non arrètés que des innocents en prison par erreur, l'homme de droite, lui, préfère que tous les suspects soient emprisonnés, au risque d'erreurs judiciaires et de restriction des libertés nécessaires, selon lui, à la paix civile.

Alors c'est bien de critiquer Guantanamo chez le voisin en oubliant chez nous les lois anti-terroristes et la "justice" d'exception des tribunaux anti-terroristes.

Alors c'est bien de réclamer d'avantage de policiers au nom de la sacro-sainte sécurité publique, en oubliant de dénoncer le racisme et les provocations et les bavures de plus en plus nombreuses de notre Police. (déjà dénoncées en son temps par mathieu kassovitz dans La Haine, et que l'on a hélas vu empirer lors des dernières "émeutes" dans nos banlieues.)

Alors c'est bien, madame la procureure, de dire que l'homme ordinaire parfois dérape... On le sait, vous aimeriez nous faire croire que derrière chaque Homme se cache un criminel en puissance. Oublions donc de Dreyfus à Outreau en passant par Omar Radad... On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs, mesdames et messieurs les procureurs ?

Benjamin, ils n'auront pas ton acide désoxyribonucléique !

France de merde !