Suite au billet que j’avais pondu à l’origine pour dénoncer les agissements d’Eric Raoult, j’ai eu en réaction plusieurs commentaires qui se sont indignés (le terme est un peu fort !) non pas du sujet principal du billet, mais d’une précision que j’ai rajouté en fin d’article, disant d’une part que je ne voterai jamais Sarkozy (même dans l’hypothèse d’un duel avec Le Pen) et d’autre part que j’étais prêt à voter au premier tour pour le candidat qui aurait le plus de chance de le battre (ajoutant un peu par provocation, je le concède, « le mieux placé dans les sondages »), préférant oublier mes opinions que de risquer un second tour sans choix possible. Les réactions des sympathisants de droite ne m’ont pas surpris ni attristé, ce n’est pas là le problème. Si j’ai décidé d’écrire aujourd’hui cet article, c’est pour préciser des choses sur lesquelles je m’étais mal exprimé et c’est pour répondre à mes amis de gauche, cette gauche que l’on dit toujours plurielle.
Mes opinions
Précisons-les, pour ceux qui ne les connaîtraient pas. Je ne suis affilié à aucun parti politique. Je me sens de gauche, quelque part dans le no man’s land entre la social-démocratie et l’extrême gauche. Ca ne m’empêche pas de puiser de bonnes idées chez Besancenot, José Bové, ou, à l’inverse, chez Bayrou ou Delors. (il est pas mort, celui-là ?) Ca ne m’empêche pas non plus d’être extrêmement critique sur l’absence total de projet ambitieux de tous les partis de gauche actuels, et sur leur divisions suicidaires. Bref, je dois être l’électeur type de gauche ! J’ai souvent voté aux premiers tours de diverses élections pour les Verts, ce sont de leurs idées que je me sens le plus proche, ce sont eux qui m’ont fait à la fois le plus rêvé et qui m’ont le plus déçu, ça n’a rien de contradictoire !
Voilà, si je précise mes opinions, c’est pour vous dire ceci : à opinion égale, on peut voter différemment à une élection présidentielle. Question de stratégie. Question aussi, hélas, d’époque : quand les partis ne parviennent pas à avoir de projets d’avenir, le seul choix qui reste semble être celui du « moins pire ». Triste république, que certains osent encore qualifier de démocratie…
Le Duel que personne ne veut mais dont tout le monde parle
Commençons par la fin, c'est-à-dire par le second tour des élections présidentielles de 2007. Le duel dont tout le monde parle, c’est bien sûr celui de Sarkozy contre Le Pen, sorte de PSG-OM de la politique. (Comment çà, mon humour est limite ? ) Je vais tout d’abord vous dire que je ne crois pas à cette hypothèse-là. Si Le Pen doit être au second tour, ce ne sera pas contre Sarkozy. Les électorats de ces deux là sont trop proches. M’enfin, disons qu’en politique, rien n’est sûr et admettons que cette hypothèse farfelue voit quand même le jour.
Et bien je n’irai pas voter, je le répète !
Je n’irai pas voter blanc, vroumette, car dans notre cinquième république cela ne sert à rien puisque ce n’est pas pris en compte. Cela ne ferait même pas baisser le pourcentage de Le Pen, puisque c’est considéré comme un suffrage non exprimé ! Vivement le vote obligatoire comme en Belgique avec le vote blanc reconnu !
Voter nul ? A la rigueur… C’est toujours marrant d’assister au dépouillement et d’entendre l’assesseur dire par exemple « Sarko nabot » à haute voix. Mais ça ne serait qu’une petite vengeance inutile…
Quant à toi, caru fratellu, je te réponds que dans cette hypothèse-là, même sans les voix de la gauche à Sarko, le borgne ne serait jamais élu ! Il ne le sera jamais, c’est une certitude. C’est une chose d’accéder au second tour au milieu de 20 partis. C’en est une autre de gagner une présidentielle. Car quoi qu’il arrive, il y aura toujours plus d’opposants farouches (certains étant même, je pense, prêts à prendre les armes) que de sympathisants « durs » (les vrais nazis) à Le Pen. C’est mon opinion, et je la partage ! Il ne pourra jamais faire, dans une hypothèse haute, plus de 35% des suffrages.
Enfin, je te dirais aussi que certes, Sarkozy n’est pas comparable à Le Pen. Il n’empêche qu’il vient quand même de déclarer "Si certains n'aiment pas la France, qu'ils la quittent", rappelant étrangement les slogans d’un Le Pen ou d’un Villiers… Il n’empêche aussi, que sur les 24 propositions du F.N., en matière de "justice et police", 11 d'entre elles ont déjà été réalisées par Dominique Perben et Nicolas Sarkozy.
Ce gars-là n’est peut être pas nazi, mais on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il a des tendances fascistes !
Vote utile ou vote inutile ?
Parlons maintenant du premier tour. Tout d’abord, j’aurais souhaité moi aussi, comme certains à gauche, qu’une union de la gauche, la plus large possible (de Besancenot aux radicaux, pourquoi pas ?) puisse avoir lieu. Après tout, ils ont déjà tous une absence de programme en commun, ça devrait les rassembler ? (Quoi ? Vous n’aimez toujours pas mon humour ?) Malheureusement, il semble que l’idée de primaires à l’italienne soit abandonnée et que celle d’un programme en commun le soit encore plus !
Donc il reste deux choix possibles ! Pas un de plus ! Voter « utile » selon l’expression consacrée. Ou bien voter selon ses convictions.
Vroumette, j’aimerais tant, moi, voter pour mes idéologies. Le problème c’est que personne ne les représente plus ! Alors je fais comment ? Voter pour le moins pire ? Ce ne serait pas, justement, une concession du même ordre que voter « utile » ? Je crois qu’en fait, tu es beaucoup plus optimiste que moi, c’est ce qui doit expliquer nos différentes stratégies, bien que nous ayons sensiblement les mêmes idées ! Mais je ne pense pas que je sois défaitiste (la gauche a des chances de l’emporter de toutes façons), simplement amer : un candidat de gauche l’emportera peut-être, mais certainement pas un programme de gauche !
Quant à toi, ami Xave, tu dubites ! Nous dubitons tous ! Le système bipartite à l’américaine, sans vouloir te vexer, qu’a-t-il de réellement différent avec notre bipartisme Gaullisme/Social-démocratie ? Je vois des petits malins qui me répondront que Giscard a été président de la république… Je leur répondrais : Gis… qui ?
Alors, oui, je sais, voter utile, dans les faits, ça peut revenir à voter Royal, Hollande, Lang ou Strauss-kahn ! Tout cela n’est pas très hype, je le concède ! Alors, oui, je ne voterai sans doutes pas cette fois-ci pour Dominique Voynet (ou Yves Cochet, après tout, les Verts ne sont pas à l’abri d’un de leurs suicides collectifs habituels), mais bon, même chez les Verts, je l’attends toujours le programme qui fait rêver !
Je tiens à remettre les choses en perspective : je ne reflète ici que mon opinion du moment, je me réserve le droit d’en changer si les évènements évoluent ! Et puis précisons une chose que personne n’ose avouer : tout ceci n’est qu’une élection présidentielle ! La vraie politique de notre pays, elle sera déterminée par les législatives, remettons les choses à leur place ! A ce propos, personne n’a émis l’hypothèse d’une cohabitation Sarko-Royal ? Hu ! hu ! hu ! (Rire jaune)